Je tenvoie séparément les photos.
Bonjour,
Excuse moi, mais jattendais bêtement davoir mes photos pour técrire ; je les aurai en fin de semaine, mettant une copie de chacune des 13 pellicules sur cdrom afin de mieux pouvoir les exploiter et en faire profiter parents et amis.
Sinon, ce fut FABULEUX, surtout grâce à RABIH, et aussi son frère HACHEMI.
Rien ne sest passé comme je lavais prévu, et si je nai pas pu faire tout ce que je voulais sur ALGER, combien le programme de remplacement concocté par RABIH fut dense, éblouissant et fantastique. Je me rends compte que jétais malgré tout assez audacieux, et que jaurais sans doute fait timidement le centre ville, la cité et KOUBA, avec beaucoup de réserve, et peut-être la crainte (injustifiée) maurait souvent fait reculer. Avec lui, son frère, ses amis, je suis allé partout, sans peur, et cela ma donné du courage pour faire certains quartiers, seul. La vie là-bas est loin de ce que lon voit ou pense dici.
RABIH, sa famille, ses amis, comme nous, recherchent leurs racines qui sont aussi les nôtres. Même sils forment lélite intellectuelle et sociale du pays, et sont Berbères ou Kabyles, ils veulent renouer avec le passé commun après tant de décennies de mensonges ou de non-dit du pouvoir, et de barbarie des islamistes.
Partout jai rencontré des gens formidables, très francophones, accueillants, généreux. Que ce soit leurs amis, leurs familles ou de simples gens rencontrés dans la rue. Je dois énormément à RABIH qui a permis que ce retour soit enchanteur et me permette enfin de tourner la page et de me projeter dorénavant vers lavenir.
Bien sur il faut accepter de voir flotter partout le drapeau vert et blanc, accepter de voir les choses quarante ans plus tard, avec lusure du temps, le vieillissement qui sest mal fait, la population qui a changé, les conséquences de leur boom démographique avec des constructions partout, et souvent anarchiques, une circulation absolument dingue où les droits du piéton ne sont pas respectés .mais ce peuple est si chaleureux !
Par contre je pense que ce serait trop dur pour nos parents, et pour ceux de nos âges qui vivent uniquement dans le souvenir, les associations, le malentendu. Les algériens, comme nous, ont été trompés, et il est grand temps que notre génération renoue le contact.
Oui, grâce à RABIH, sa famille, ses amis, je me suis presque senti plus algérien que français. Et je suis maintenant plein de nostalgie, non pas du passé, mais de lALGERIE, mon pays.
Je pourrais écrire des heures, mais gardons en pour ta venue, que jespère, cet été.
Je vais te relater ces trop courtes journées, quand je nai eu à me soucier de rien, attendu et raccompagné à laéroport.
Lundi :
Visite de DIAR ES SAÂDA (y compris lappartement, mais lécole était fermée), LA REDOUTE (hélas SAINTE ANNE a été démolie il y a quelques années) qui forme maintenant un quartier difficilement reconnaissable tant on y a construit, la cité des Mimosas (où nous naurions pas pénétré il y a 40 ans), DIAR EL MAHCOUL et le téléphérique, le cimetière du boulevard BRU intact et entretenu. Nous avons discuté avec des jeunes, pris rafraîchissements et gâteaux chez ses parents, bâtiment E. Jai pris des photos, mais je ne sais plus si jen ai pris assez ; il y aura, cest sur, de ton appartement.
HACHEMI ma raccompagné à lhôtel en passant par BELCOURT, le CHAMP DE MANUVRE et lAGHA.
Mardi :
Chaperonné par HACHEMI, nous avons traversé les quartiers nord : ESPLANADE, BAB EL OUED, SAINT EUGENE (quelle émotion de revoir la mer se brisant sur les rochers !) avant de rejoindre GUYOTVILLE, LA MADRAGUE, SIDI FERRUCH, PALM BEACH (plus rien à voir avec nos plages dantan, tout est construit ; jai quand même ramené sable et coquillages de PALM BEACH où nous allions souvent). Nous avons déjeuné de sardines et de crevettes grillées à BOU HAROUN, dans une ambiance très marseillaise. Avant de rentrer nous sommes allés jusquà CASTIGLIONE et BERARD.
En fin daprès midi jai arpenté seul le centre ville puis le boulevard du TELEMLY, avant de prendre un pot en terrasse, rue MICHELET. Le matin, avant de partir, jétais allé prendre des photos du collège PASTEUR, pour ma sur.
Mercredi :
Seul, et mis en confiance, jai arpenté les quartiers populeux de la rue DUPUCH et des TOURNANTS ROVIGO afin de prendre des photos pour deux anciens élèves de mon père qui y habitaient. Et puis :
Impensable et inespéré : Jai visité la CASBAH, marché dans les ruelles, pénétré les cours, monté sur les terrasses, parfois sans personne, parfois au milieu dune foule grouillante. Jai discuté avec pas mal de gens, dont, marché RANDON face à lancienne Synagogue, le père de notre accompagnateur, un ingénieur de RABIH qui habite toujours la CASBAH.
Nous avons aussi visité lancienne forteresse (bien que fermée !), lancien palais du DEY (avec le pavillon du coup déventail), vu lex église SAINTE CROIX, la prison BARBEROUSSE, la Medersa, et surtout pénétré SIDI ABDEHRRAMAN, un lieu saint ; le courant est passé avec limam qui du coup ma montré ce quil ne fait jamais voir aux touristes, et nous a permis de monter sur le toit, et prendre des photos, y compris des tombeaux des saints dans la mosquée. Ce fut un grand moment plein de spiritualité et démotion.
Nous avons encore beaucoup marché pour redescendre par la rampe VALEE et le jardin MARENGO sur BAB EL OUED et lESPLANADE afin de visiter le Bastion 23 entièrement restauré grâce à lUNESCO, et voir les chevaux de DIAR EL MAHCOUL.
Nous avons déjeuné rue BAB AZOUN, noire de monde, avant daller avec RABIH à KOUBA en traversant toute la ville. Sur place jai retrouvé limmeuble où nous avons vécu à notre arrivée dORAN, de 1952 à 1955, la mairie, lex-église, le cinéma , mais je nai pas su retrouver exactement la villa dun collègue à mon père.
Jeudi :
Avec RABIH et un de ses amis, universitaire, longue promenade en bord de mer pour rejoindre le Tombeau de la Chrétienne (hélas dans les nuages), voir les cigognes de mon enfance à lextrémité orientale de la MITIDJA, les grandes caves viticoles, les villages tracés au cordeau puis retrouver un autre ami, ancien maire de MARENGO avant que le FIS ne bouleverse tout, à TIPAZA. Pot face aux ruines, ballade sur le port avant de rejoindre CHERCHELL en passant par la côte Turquoise, de toute beauté avec le soleil revenu. Tous ces nouveaux amis, très anti-FLN, ont été menacés par le FIS, ont courageusement résisté, et sen sont sortis.
En rentrant nous avons traversé les banlieues interminables puis BIRMANDREÏS, HYDRA, avant daller prendre gâteaux et rafraîchissements chez les beaux-parents de RABIH, boulevard BRU, avec une vue imprenable sur ALGER depuis la terrasse.
Nous avons aussi profité longuement dun commissariat pour une photo interdite dun des bâtiments de la présidence, carrefour du GOLF. Jai surtout été inquiet pour RABIH, et jai eu peur de perdre mes photos de CHERCHELL ; Tout sest arrangé finalement et nous avons acheté des fruits (Aïe les nèfles !) au CLOS-SALEMBIER.
Le soir, nous sommes allés chez lui, à la nuit pratiquement, car il tenait à me recevoir et me présenter sa famille aux enfants adorables, et cétait plus facile pour le lendemain. Je me suis donc retrouvé à BOUMERDES, en pleine reconstruction.
Vendredi :
Toute la famille (nous étions 8 dans la voiture, avec belle sur et nièce) ma raccompagné à laéroport, les enfants me chantant des comptines françaises (dont bien sur, « au clair de la lune, mon ami Pierrot ») ou des airs de LENORMAND ou Daniel GUICHARD ; émouvant. HACHEMI, qui nous attendait, ma tenu compagnie jusquau départ. Inutile de dire que ce matin là, je nai pas eu souvent les yeux secs .
Oui, ce fut un retour extraordinaire, et surtout fabuleux par la rencontre avec les algériens ; il ne me tarde plus que dy revenir, revoir ces amis, et visiter la côte est, BLIDA, CHREA, voire la KABYLIE, et parfaire mon tour dALGER.
Voilà sommairement mon séjour, en attendant de te le relater de vive voix.
En attendant mes photos, et après celles de la cité que ta envoyées RABIH, je te fais passer celles-ci :
-La CASBAH et ALGER depuis la terrasse de lami de RABIH,
-Devant lancienne Cathédrale redevenue mosquée,
-A BOUMERDES avec RABIH et sa famille (sa femme en rouge, et 3 des 4 enfants),
-A laéroport avec RABIH et son frère HACHEMI.
Ai-je répondu à ton attente, justifiée ?
Bien amicalement,
Pierrot
-----Message
d'origine-----
De : netz
serge [mailto:serge.netz@libertysurf.fr]
Envoyé : mardi 15 juin 2004
13:21
À : Pierre.
Chatail
Objet :
Salut Pierrot,
ALORS ? RACONTE !!!
Jespère que tu es bien rentré mais que tu dois être encore sous le choc de tout ce que tu as vu !
En tout cas, dans un premier temps, rassure moi de ton retour (avant que je ne previenne Interpol )
Amitiés
Serge